Circuit de randonnée pédestre de 25 km au départ de la mairie de Sap-en-Auge.
Ce grand circuit de randonnée vous emmène à la découverte du patrimoine bâti, naturel, et cidricole. A Sap-en-Auge, c’est toute l’architecture des Pays d’Auge et d’Ouche qui s’offre à vous. Direction ensuite la Vallée du Bourgel qui abrite une faune et une flore d'une richesse exceptionnelle. Plus loin, apparaît la petite église millénaire de St Cyr d’Estrancourt, où l’on célèbre une ancienne fête païenne. Continuez votre chemin et vous découvrirez les origines du cidre.
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Voici quelques étapes du circuit :
Sap-en-Auge, cité médiévale
Sap-en-Auge est classé Petite Cité de Caractère grâce à son habitat mêlant l'architecture du Pays d'Auge et du Pays d'Ouche, allant du Moyen-Âge au 19ème siècle.
La Place du Marché, point de départ de ce circuit, est située à la fois au centre du bourg et au cœur d'un réseau de chemins en étoile autour de la cité. Cette disposition est liée au rôle économique (marché…) que la cité exerce depuis le Moyen Âge. Au début du 19e siècle, la physionomie de cette place change. Avec la prospérité apportée par l'industrie de la toile et grâce au progrès de l'agriculture, la Mairie est reconstruite en 1836. Les propriétaires riverains vont suivre l'exemple municipal en reconstruisant leurs maisons en briques.
La Vallée du Bourgel
Affluent de la Touques, le Bourgel coule au fond d'une vallée humide typique du Pays d'Auge qui entaille la craie glauconieuse du Cénomanien. Ses parties basses sont occupées par des argiles calloviennes recouvertes de remblais alluvionnaires du Quaternaire.
Une des spécificités du site est son extrême tranquillité et les bois sur les rebords de plateaux accentuent son isolement et sa quiétude.
FLORE
Cette vallée présente tous les intermédiaires entre les zones humides (prairies marécageuses, petits étangs) et les zones sèches (coteaux calcaires). La diversité des
milieux est extrême : bois de feuillus, de conifères, prairies humides, cours plantées, prairies sèches, cultures, coteau aride, broussailles, grottes...
Le cortège végétal y est riche avec notamment quelques espèces protégées au niveau régional (*) : l'Orchis négligé (Dactylorhiza praetermissa), la Gentiane croisette (Gentiana cruciata), l'Orchis grenouille (Coeloglossum viride), l'Agrostide à soie (Agrostis setacea), l'Oenanthe faux-boucage (Oenanthe pimpinelloides), le Brome des champs (Bromus arvensis), l'Orchis à larges feuilles (Dactylorhiza majalis), la Leersie faux riz (Leersia oryzoides).
Sur l'ensemble du vallon, plus de 250 espèces végétales ont été recensées, comprenant 18 espèces d'orchidées.
FAUNE
Corrélativement à la diversité botanique, le nombre d'espèces animales rencontrées témoigne d'une richesse exceptionnelle.
Sur les 69 espèces de papillons diurnes qui ont été déterminées dans l'Orne, 48 ont été trouvées dans cette vallée avec la seule station bas-normande de l'Azuré de la Croisette (Maculinea alcon rebeli) protégé au niveau national, une des quatre stations ornaises du Damier de la Succise (Euphydrias aurinia) et du Damier athalie (Melicta athalia), la présence du rare Sylvain azuré (Limenitis reducta) et l'unique station normande d'un papillon nocturne : Rhyparia purpurata.
Le ruisseau du Bourgel, aux débits très soutenus, à la bonne pente et aux fonds caillouteux constitués de galets de silex, constitue le plus remarquable affluent-frayère pour la Truite fario (Salmo trutta fario) de tout le bassin amont de la Touques. Il renferme en outre une impressionnante densité de Chabot (Cottus gobio), inégalée dans l'ouest de la France, ainsi que l'Ecrevisse à pieds blancs (Austropotamobius pallipes).
Sur les 55 espèces de mammifères terrestres de Normandie, 41 ont été répertoriées sur cette zone, avec notamment le Mulot à collier (Apodemus flavicollis) dont c'est l'une des rares stations normandes connues actuellement ; 12 espèces de chauves-souris fréquentent les cavités souterraines dont la très rare Barbastelle (Barbastella barbastellus).
La classe des oiseaux est bien représentée tant du point de vue de la nidification (Bondrée apivore, Faucon hobereau, Martin-pêcheur, Pie-grièche grise, Hypolaïs polyglotte, Locustelle tachetée, Chouette chevêche...) que pour l'hivernage ou le stationnement de migrateurs. Ainsi, on peut observer régulièrement le Héron cendré en été, la Bécassine sourde, la Grue cendrée, le Torcol fourmilier, le Traquet tarier, la Cigogne noire...
Eglise de Saint-Cyr-d’Estrancourt
L'église millénaire
La petite église du hameau de Saint-Cyr-d’Estrancourt, dédiée à Saint Cyr et à Sainte Julitte, date du XIe siècle.
Construite en grison et en pierre de taille, elle possède quelques fenêtres romanes, aujourd’hui bouchées. Mais, au cours du Moyen-Age, elle subit certaines modifications : établissement d’un portail au 12ème siècle, percement d’une fenêtre gothique au 15ème siècle.
L’intérieur est voûté en lambris sur charpente apparente et renferme un très riche mobilier. Le maître-autel, de style Louis XIV, possède un coffre en tenture, un tabernacle à cinq pans et un très beau retable en bois peint à quatre pilastres et descentes de guirlandes. Au centre, le tableau représente l’Adoration des Mages. De chaque côté, les statues figurent, à gauche, saint Cyr et Sainte Julitte, et, à droite, saint Charles Borromée.
De style Louis XIV comme le maître-autel, les autels latéraux sont faits d’un panneau à deux pilastres avec, au Nord, le tableau de l’Annonciation et, au Sud, celui de saint Hubert. Non loin de ces autels, la poutre de gloire comprend un ensemble du 17ème siècle représentant le Christ, la Vierge et saint Jean.
On peut également y admirer des statues médiévales (une sainte Catherine du 14ème siècle tenant dans ses mains une roue et une épée et un Dieu le Père du 15ème siècle qui devait porter son fils sur la croix) et des 17ème et 18ème siècles (saint Cyr, sainte Julitte, sainte Catherine, saint Jean-Baptiste, saint Marc et une Vierge à l’Enfant). La petite clôture de chœur en fer forgé, le bénitier en bois du 16ème siècle posé sur des anges et les fonts baptismaux présentent aussi de l’intérêt
La Fête de la Bourgelée
Encore aujourd’hui, vers la mi-juin, on y célèbre la Fête de la Bourgelée, ancienne fête païenne christianisée par l’Eglise lors de l’introduction de la religion chrétienne dans la contrée.
Après la messe célébrée dans l’église de Saint-Cyr, une procession se forme pour se diriger vers un champ, contigu à l’enclos paroissial, où a été dressé un tas de fagot, appelé Bourgelée. Arrivé dans le champ, on met le feu au tas de fagot et, pendant son embrasement, le roi de la fête et le prêtre tirent un coup de fusil sur le sommet du tas, afin de chasser le tonnerre et la foudre. Le prêtre bénit le feu et, lorsqu’il est éteint, chacun des participants repart avec un tison et le pose dans sa maison, pour qu’elle soit protégée de l’orage.
Cidre et pommes à cidre
La légende parle de marins basques qui, au VIème siècle, auraient fait découvrir le cidre aux marins normands pour ses vertus thérapeutiques, pour éviter le développement du scorbut, dû à une carence en vitamine C. Ces vertus ont été très controversées, notamment par les travaux du médecin anglais James Lind qui, au milieu du XVIIIème siècle, teste le cidre ainsi que cinq autres produits sur des marins à bord d’un navire. Sa conclusion fût que le cidre n’équivalait pas, dans le cas de la prévention du scorbut, à d’autres produits notamment les agrumes, citrons et pêches.
Ce n’est qu’au XIIème siècle que la Normandie devient véritablement le territoire de la pomme, grâce à la production de cidre de qualité, qui devient une valeur sociale, économique et patrimoniale remarquable. Pour causes, les conditions climatiques de la Normandie, notamment le pays d’Auge, tempéré, humide, et froid en hiver, ainsi que la qualité de ses sols argilo-calcaires, ont favorisé le développement de certaines variétés de pommes à cidre, qui ont défini « Le goût du cidre ». Ce serait près de Vimoutiers que les premières plantations de pommiers ont eu lieu, ainsi que l’expérimentation des méthodes de greffage. Cet élan de la production cidricole, accompagné de l’invention du pressoir au XIIIème siècle, fait du cidre la boisson la plus prisée des Normands, mais aussi des seigneurs et des rois comme Louis XVI.
Les pommes à cidre sont généralement partagées en quatre familles :
- les pommes douces, parfumées et sucrées, donnant sa rondeur au cidre
- les pommes douces amères, parfumées aussi, mais riches en tanins et faibles en acidité
- les pommes amères, souvent utilisées en quantité dominante, riches en tanins et aussi en acidité. Elles donnent du corps et une couleur intense au cidre
- les pommes acidulées, apportent la fraîcheur. Ce groupe est peu tannique mais acide
Pour l'AOC Pays d'Auge, 70 % des pommes utilisées sont des pommes des familles amères et douces amères.